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Traduire une assignation, une injonction ou une sommation : que faut-il savoir ?

29 Octobre 2025 - Long format

⚖️ Comprendre la nature des actes de procédure

📖 Avant de se pencher sur la traduction, il est indispensable de bien comprendre ce que recouvrent les termes assignation, injonction et sommation. Ces trois actes, fréquemment rencontrés dans le contentieux civil et commercial, obéissent chacun à une logique propre, qui conditionne leur équivalent en langue étrangère.


📋 L’assignation

En droit français, l’assignation est un acte de procédure rédigé par un huissier de justice et destiné à informer une partie (le défendeur) qu’elle est poursuivie devant une juridiction. Elle contient des mentions obligatoires (juridiction saisie, faits, moyens, pièces invoquées, etc.) prévues par le Code de procédure civile.

Dans les systèmes de common law, l’équivalent varie : on parle le plus souvent de summons, writ of summons ou complaint selon le contexte et la juridiction. La difficulté de traduction tient au fait que ces termes n’ont pas exactement la même portée : par exemple, un complaint aux États-Unis contient déjà l’exposé des griefs, tandis que l’assignation française distingue l’acte introductif et les conclusions.


⚖️ L’injonction

Une injonction est une décision de justice qui ordonne à une personne physique ou morale d’accomplir un acte ou, au contraire, de s’en abstenir. Elle peut prendre plusieurs formes : injonction de faire, injonction de ne pas faire, ou injonction de payer.

Dans les pays de common law, l’injunction est un instrument particulièrement large, permettant au juge d’imposer des mesures provisoires ou définitives. On distingue notamment :

  • le mandatory injunction (obligation d’agir) ;

  • le prohibitory injunction (interdiction d’agir) ;

  • le temporary restraining order (mesure d’urgence).

⚠️ La difficulté pour le traducteur est que l’« injonction de payer » du droit français (procédure rapide prévue par le Code de procédure civile) ne correspond pas à l’injunction anglaise ou américaine, qui est bien plus générale. Une traduction littérale peut donc induire en erreur et doit être évitée.


📝 La sommation

La sommation est un acte extrajudiciaire, souvent délivré par huissier, par lequel une personne met formellement une autre en demeure d’exécuter une obligation (payer une dette, livrer un bien, exécuter un service). Elle précède souvent une procédure judiciaire, mais n’émane pas directement d’un tribunal.

En anglais, les équivalents les plus pertinents sont formal notice, letter of demand ou demand letter. Utiliser summons serait une erreur, car ce terme renvoie plutôt à une assignation dans le vocabulaire anglo-saxon.

💡 La sommation illustre parfaitement l’importance du contexte juridique : un même mot peut désigner des réalités très différentes d’un pays à l’autre, et seule une analyse fonctionnelle permet de choisir le bon équivalent.

📖 Les défis de la traduction de ces actes

📋 Traduire une assignation, une injonction ou une sommation ne se réduit jamais à un simple exercice linguistique. Ces actes sont porteurs d’enjeux procéduraux majeurs : une traduction approximative peut fausser la compréhension du texte, voire entraîner l’irrégularité ou la nullité de la procédure.

⚖️ Une langue hautement codifiée

Ces actes comportent des mentions obligatoires prévues par la loi (identité des parties, tribunal compétent, délais, objet de la demande, etc.). Toute omission ou mauvaise traduction peut altérer la portée juridique du document. Le traducteur doit donc respecter la forme imposée par la procédure, en veillant à conserver la structure originale.

🔍 Les faux amis juridiques

Certains termes sont trompeurs et ne peuvent pas être traduits littéralement :

  • Injunction en anglais ≠ « injonction de payer » française ;

  • Summons en anglais ≠ « sommation » française, mais plutôt assignation ;

  • Notice ≠ assignation mais notification ou avertissement.

⚠️ Le risque est de donner au destinataire étranger une interprétation erronée de ses droits ou obligations, ce qui pourrait compromettre la validité de la procédure.

🌍 Des variations selon les systèmes de droit

La difficulté tient aussi au fait que les équivalents n’ont pas toujours la même fonction :

  • Une assignation française (assignation en justice) n’équivaut pas exactement à un complaint américain, qui inclut déjà l’exposé des griefs.

  • L’injunction en common law couvre un spectre beaucoup plus large que les injonctions prévues en droit civil.

  • La sommation française, acte extrajudiciaire, correspond davantage à une formal notice qu’à un summons.

📝 Conséquences pour la pratique

Une traduction imprécise peut :

  • créer une confusion pour la partie destinataire (ex. croire qu’il s’agit d’un jugement alors que ce n’est qu’une mise en demeure) ;

  • retarder la procédure par contestation de la validité de l’acte ;

  • mettre en cause la responsabilité du traducteur ou de l’avocat ayant produit la traduction.

💡 Ces difficultés expliquent pourquoi la traduction de ces actes requiert à la fois une maîtrise de la terminologie procédurale et une connaissance fine des systèmes juridiques comparés.

🔍 Contraintes juridiques et procédurales

📖 Traduire une assignation, une injonction ou une sommation ne relève pas seulement d’un exercice linguistique. Ces actes obéissent à des règles procédurales strictes, qui conditionnent leur validité.

⚖️ La nécessité de traductions assermentées

Dans la plupart des juridictions, les actes de procédure destinés à être produits devant un tribunal étranger doivent être accompagnés d’une traduction assermentée (ou certifiée). Cette exigence vise à garantir que le juge étranger peut s’appuyer sur un texte dont l’exactitude est officiellement reconnue.
💡 Exemple : une assignation française signifiée aux États-Unis dans le cadre d’un litige commercial devra être traduite par un traducteur assermenté reconnu par les autorités américaines, faute de quoi la procédure pourrait être contestée.

🌍 Le cadre international : la Convention de La Haye (1965)

La Convention de La Haye du 15 novembre 1965 sur la signification et la notification des actes judiciaires à l’étranger fixe des règles communes. Elle prévoit que :

  • un acte destiné à être notifié dans un autre État partie doit être traduit dans la langue officielle de cet État ;

  • l’autorité centrale de l’État requis peut refuser la notification si l’acte n’est pas accompagné de sa traduction certifiée.

🔍 Concrètement, cela signifie que toute traduction approximative ou non certifiée peut bloquer la procédure internationale.

📝 Exigences nationales spécifiques

Au-delà des conventions, chaque pays a ses propres règles :

  • En France, le Code de procédure civile impose des mentions précises dans l’assignation, dont la traduction doit être fidèle et complète.

  • En Angleterre et au Pays de Galles, les Civil Procedure Rules (CPR) encadrent la signification d’actes étrangers, exigeant souvent une traduction conforme.

  • Aux États-Unis, les règles varient selon les États fédérés, mais la traduction certifiée est généralement exigée pour les actes notifiés à un défendeur étranger.

🎯 Le rôle stratégique du traducteur

Dans ce contexte, le traducteur juridique joue un rôle essentiel :

  • garantir que le texte traduit respecte la force exécutoire de l’acte ;

  • préserver la sécurité procédurale en assurant la conformité aux exigences internationales et nationales ;

  • éviter tout risque de nullité, qui pourrait retarder ou faire échouer la procédure.

⚠️ Une erreur de traduction ne se limite pas à une approximation sémantique : elle peut avoir des conséquences directes sur l’issue d’un procès.

📊 En pratique – La Convention de La Haye (1965)

📖 La Convention de La Haye du 15 novembre 1965 sur la signification et la notification des actes judiciaires à l’étranger constitue le principal instrument international en la matière.

⚖️ Points clés à retenir :

  • 🌍 Elle s’applique entre plus de 70 États parties, dont la France, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse et l’Allemagne.

  • 📝 Les actes transmis doivent être accompagnés d’une traduction certifiée dans la langue officielle de l’État requis.

  • ⚠️ L’autorité centrale de l’État destinataire peut refuser la signification si la traduction est absente ou jugée inadéquate.

  • 📋 La régularité de la traduction conditionne donc directement la recevabilité de l’acte devant les juridictions étrangères.

💡 Exemple concret : une société française qui assigne une entreprise américaine doit transmettre l’acte traduit en anglais certifié. Sans cela, l’autorité américaine peut refuser la notification, retardant la procédure de plusieurs mois.

💡 Bonnes pratiques de traduction des actes de procédure

📖 Traduire une assignation, une injonction ou une sommation requiert une méthodologie stricte. Ces actes ne sont pas de simples documents d’information : ils engagent les parties dans une procédure judiciaire et doivent être juridiquement irréprochables.


⚖️ 1. Privilégier l’équivalence fonctionnelle

Un terme doit être traduit par son équivalent procédural, et non par un calque.

  • Exemple : traduire « sommation » par summons induirait en erreur, car ce dernier terme renvoie à l’assignation. Le bon choix est formal notice ou demand letter.


📝 2. Respecter les formules consacrées

Les actes de procédure comportent des mentions imposées par la loi.

  • Exemple : « À peine de nullité, le défendeur est tenu de comparaître dans un délai de… » doit être restitué par une formule juridique équivalente en anglais, sans paraphrase approximative.


🔍 3. Utiliser les terminologies officielles et institutionnelles

Le traducteur doit s’appuyer sur les sources reconnues :

  • textes de loi (Code de procédure civile, Civil Procedure Rules) ;

  • traités internationaux (Convention de La Haye) ;

  • guides terminologiques officiels (Banque de terminologie du Canada, glossaires de l’ONU ou de l’UE).


⚠️ 4. Anticiper l’usage procédural du document

Une assignation traduite pour être produite devant un tribunal étranger doit respecter les exigences de recevabilité du pays concerné.

  • Exemple : aux États-Unis, un complaint doit contenir l’exposé des griefs, ce qui n’est pas toujours le cas dans une assignation française. La traduction doit être adaptée pour éviter une irrecevabilité.


🎯 5. Collaborer avec les praticiens du droit

La traduction de ces actes doit idéalement être validée par un avocat ou juriste spécialisé dans le système destinataire. Cette collaboration garantit que la traduction ne se contente pas d’être linguistiquement correcte, mais qu’elle est également juridiquement opérante.


💡 En résumé : une traduction fiable d’acte de procédure repose sur un équilibre entre fidélité linguistique et équivalence fonctionnelle. Le traducteur devient ainsi un acteur à part entière de la sécurité procédurale.

📋 Exemples pratiques

📖 Les cas concrets illustrent les difficultés rencontrées par les traducteurs lorsqu’ils doivent rendre un acte de procédure intelligible et juridiquement valable dans un autre système de droit.


⚖️ Exemple 1 – Traduire une assignation française vers les États-Unis

Une société française assigne une entreprise américaine devant le tribunal de commerce de Paris. L’assignation doit être signifiée aux États-Unis dans le cadre de la Convention de La Haye (1965).

  • En français : assignation en justice avec mentions obligatoires prévues par le Code de procédure civile.

  • En anglais (US) : le traducteur doit choisir entre writ of summons et complaint. Or, un complaint inclut généralement les griefs détaillés, ce qui n’est pas toujours le cas dans l’assignation française.
    💡 Solution : privilégier writ of summons, accompagné d’une note explicative, pour éviter toute confusion procédurale.


🔍 Exemple 2 – Traduire une injonction anglaise devant un tribunal français

Une société britannique obtient de la High Court une injunction order interdisant à un partenaire commercial de divulguer des informations confidentielles. Le document doit être produit dans une procédure parallèle en France.

  • En anglais : injunction order, mesure provisoire contraignante.

  • En français : traduire par « ordonnance d’injonction » risquerait d’être compris comme une « injonction de payer », procédure spécifique et différente.
    💡 Solution : utiliser « ordonnance de référé interdisant… » ou « mesure provisoire d’interdiction », formulations proches du système français.


📝 Exemple 3 – Traduire une sommation d’huissier vers l’anglais

Un créancier français fait délivrer une sommation de payer à son débiteur avant d’engager une procédure judiciaire.

  • En français : sommation de payer établie par huissier.

  • En anglais : la traduction littérale summons induirait en erreur, car ce terme désigne une assignation.
    💡 Solution : employer formal notice ou demand letter, expressions reconnues en pratique, tout en précisant qu’il s’agit d’un acte extrajudiciaire.


⚠️ Ces exemples montrent que la traduction juridique n’est pas un simple transfert de vocabulaire. Elle suppose d’analyser le contexte procédural, de choisir un équivalent fonctionnel, et parfois d’ajouter une note explicative pour éviter toute insécurité juridique.

❓ FAQ – Traduction d’assignation, injonction et sommation

1. Une assignation doit-elle toujours être traduite par un traducteur assermenté ?

⚖️ Oui, dans la plupart des cas où l’assignation est destinée à être produite devant un tribunal étranger, une traduction assermentée (certifiée) est exigée. Cela garantit que le document est juridiquement recevable et opposable devant la juridiction saisie.

2. Quelle différence entre summons et assignation ?

📖 En droit français, l’assignation est un acte d’huissier qui introduit l’instance. En common law, le summons peut avoir une portée similaire, mais ses modalités varient selon les pays. Aux États-Unis, l’acte introductif est souvent le complaint, qui inclut déjà les griefs détaillés.

3. Comment traduire une injonction anglaise en droit français ?

🔍 L’injunction en common law est une mesure judiciaire pouvant ordonner d’agir ou de s’abstenir. Elle ne correspond pas à l’« injonction de payer » française. La traduction doit être adaptée au contexte, par exemple « ordonnance de référé interdisant… » ou « mesure provisoire d’interdiction ».

4. Quels sont les risques d’une mauvaise traduction d’acte de procédure ?

⚠️ Une traduction imprécise peut entraîner :

  • une incompréhension des droits et obligations par la partie destinataire ;

  • un refus de signification par l’autorité étrangère (Convention de La Haye) ;

  • voire la nullité de la procédure, avec des conséquences financières importantes.

5. Les conventions internationales imposent-elles un format spécifique pour ces traductions ?

📝 La Convention de La Haye (1965) impose que les actes notifiés à l’étranger soient accompagnés d’une traduction dans la langue de l’État requis. Certains pays exigent en plus que cette traduction soit certifiée par un traducteur assermenté reconnu localement.

🎯 Conclusion

📖 Traduire une assignation, une injonction ou une sommation ne relève pas d’un simple exercice de langue. Ces actes de procédure sont porteurs d’enjeux juridiques majeurs : une mauvaise traduction peut altérer leur portée, induire en erreur la partie destinataire, voire entraîner la nullité de la procédure.

⚖️ Les exemples étudiés montrent que les difficultés résident autant dans la terminologie (faux amis juridiques, concepts intraduisibles) que dans le contexte procédural (mentions obligatoires, délais, exigences formelles). L’assignation française, l’injonction de common law et la sommation d’huissier n’ont pas de correspondants exacts, ce qui oblige le traducteur à raisonner en termes d’équivalence fonctionnelle plutôt qu’en simple transposition linguistique.

💡 En pratique, la traduction de ces actes exige :

  • une maîtrise du droit comparé,

  • un recours aux terminologies officielles,

  • et, le plus souvent, une traduction assermentée pour garantir la recevabilité devant la juridiction étrangère.

En définitive, traduire ces documents revient à exercer un rôle de médiateur procédural : il s’agit de permettre à des parties, issues de systèmes de droit différents, de comprendre et d’exercer leurs droits dans un cadre sécurisé. Dans un contexte où les litiges transnationaux se multiplient, cette mission est plus que jamais stratégique.

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