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La fausse évidence de legal entity : entité, personne morale ou société ?

19 Novembre 2025 - Long format

📋 À première vue, traduire legal entity semble facile : le mot « entité » paraît coller parfaitement. Pourtant, ce terme recouvre une réalité juridique complexe, qui varie profondément entre droit civil et common law. En français, choisir entre « entité », « personne morale » ou « société » n’est jamais neutre : un mot mal employé peut élargir ou restreindre abusivement la portée d’un contrat ou d’un texte réglementaire.

⚖️ Le risque est concret. Dans de nombreux contrats anglo-saxons, legal entity figure dans des clauses définitoires ou des listes d’inclusion/exclusion, souvent aux côtés de termes comme corporation, company, partnership ou trust. Une traduction approximative peut fausser l’intention des parties : inclure des structures qui ne devraient pas l’être, ou en exclure par erreur.

📖 Comprendre ce que recouvre legal entity suppose de remonter à la fiction doctrinale de la legal person, façonnée par la jurisprudence et la doctrine anglo-américaine. Cette approche, fondée sur la souplesse, contraste avec le cadre civiliste, où la distinction entre personnes physiques et morales est codifiée et fermement délimitée.

🎯 L’objectif de cet article est d’éclairer cette fausse évidence de traduction, en présentant :

  • les origines doctrinales et jurisprudentielles de la notion,

  • le piège terminologique que représente legal entity,

  • les solutions de traduction possibles et leurs limites,

  • et enfin des bonnes pratiques illustrées par des exemples concrets.

1. 📖 Le concept de legal entity et la fiction de la legal person

📋 Pour comprendre la portée du terme legal entity, il faut remonter à la construction théorique qui en constitue le socle : la fiction de la legal person. En common law, une organisation peut se voir reconnaître la qualité de personne juridique, distincte des individus qui la composent. Cette personnalité ne repose pas sur une réalité tangible, mais sur une fiction juridique, destinée à attribuer à des groupements la capacité d’agir comme un individu : posséder des biens, conclure des contrats, ester en justice, voire bénéficier de certains droits fondamentaux.


⚖️ Une invention jurisprudentielle aux États-Unis

Aux États-Unis, la Cour suprême a joué un rôle central dans l’élaboration de cette fiction. Quelques arrêts clés permettent de retracer l’évolution du concept :

  • Trustees of Dartmouth College v. Woodward (1819)
    Dans cette affaire, la Cour suprême a reconnu qu’une corporation constituée par charte royale était dotée d’une autonomie juridique, lui permettant de faire respecter ses contrats. Cette décision a posé un principe fondamental : une corporation ne se confond pas avec ses membres, mais existe comme sujet de droit distinct.

  • Santa Clara County v. Southern Pacific Railroad Co. (1886)
    Souvent citée comme le tournant majeur, cette décision est célèbre non pas tant pour son raisonnement que pour le headnote rédigé par le rapporteur, indiquant que la Cour considérait les corporations comme des « personnes » au sens du 14ᵉ amendement de la Constitution (clause d’égalité de protection). Même si le texte officiel de l’arrêt n’énonce pas explicitement cette position, cette lecture a façonné durablement la jurisprudence et la doctrine.

  • Citizens United v. Federal Election Commission (2010)
    Plus d’un siècle plus tard, la Cour suprême a reconnu que les corporations bénéficiaient de la liberté d’expression politique, leur permettant de financer des campagnes électorales. Cet arrêt a suscité un vaste débat sur les droits constitutionnels accordés aux entités collectives et sur les limites de la fiction de la personnalité morale.

🔍 Ces arrêts illustrent la façon dont la common law a progressivement élargi la notion de legal person, et donc de legal entity, au point de lui conférer des prérogatives comparables à celles des individus.


📚 Les apports doctrinaux

La jurisprudence a été accompagnée et commentée par une abondante littérature doctrinale.

  • John Dewey (1926), dans son article The Historic Background of Corporate Legal Personality, démontre que la personnalité morale n’est qu’un outil de raisonnement juridique. Selon lui, la legal person n’existe pas réellement : elle est un instrument pratique, un « masque » permettant de rendre intelligible la vie des groupements.

  • Hans Kelsen (1934), dans sa Reine Rechtslehre (Pure Theory of Law), analyse la personne morale comme une construction normative : ce n’est pas une entité autonome, mais un faisceau de normes qui attribuent des droits et obligations à une organisation.

  • Kent Greenfield (2018), dans The Myth of Corporate Rights, critique l’extension de droits fondamentaux aux corporations, qu’il considère comme une dérive dangereuse. Selon lui, assimiler une corporation à un citoyen revient à brouiller la frontière entre l’individuel et le collectif, et à donner un poids disproportionné aux intérêts économiques dans la sphère politique.

💡 Ces approches convergent sur un point : la legal entity est avant tout une fiction juridique instrumentale, qui ne doit pas être prise pour une réalité tangible.


🌍 Variabilité de la notion en common law

En common law, legal entity ne renvoie pas seulement aux corporations classiques (équivalents des sociétés de capitaux). Le terme couvre aussi :

  • les partnerships : selon les États, elles sont ou non dotées d’une personnalité distincte de leurs associés, mais sont traitées comme des legal entities en matière fiscale et contractuelle ;

  • les trusts : même si le trust n’a pas de personnalité juridique en common law stricte, il peut être considéré comme une legal entity dans certains contextes (notamment en droit fiscal et financier) ;

  • les joint ventures : simples coopérations contractuelles, mais parfois reconnues comme des entités juridiques pour certaines opérations ;

  • les associations ou foundations, reconnues comme legal entities selon les législations.

⚠️ Conséquence : le champ de legal entity est souple et fonctionnel. Ce n’est pas une catégorie fermée comme en droit civil, mais un concept opératoire, mobilisé selon les besoins de la loi ou du contrat.


🔍 Conséquences pour la traduction

Dans un texte anglo-saxon, legal entity peut donc viser un spectre très large d’organisations, allant des sociétés commerciales aux fondations, en passant par des formes atypiques comme les trusts. En français, il n’existe pas de terme unique qui recouvre exactement ce champ.

  • « Personne morale » est la traduction la plus proche dans l’esprit du droit civil, mais elle repose sur une catégorisation plus stricte.

  • « Société » est trop restreint, car elle exclut nombre de structures que la common law inclut comme legal entities.

  • « Entité » reflète la souplesse du terme anglais, mais au prix d’une perte de rigueur juridique.

💡 Cette tension entre souplesse anglo-saxonne et rigueur civiliste explique pourquoi legal entity constitue une fausse évidence en traduction : il paraît simple, mais demande en réalité une analyse contextuelle fine.

2. ⚠️ Le piège terminologique de legal entity

📋 À première lecture, legal entity semble transparent : beaucoup de traducteurs le rendent par « entité », et certains vont jusqu’à l’assimiler directement à « société ». Mais cette facilité apparente masque un véritable piège terminologique. La force du terme en anglais vient justement de sa plasticité, alors que le français impose un choix plus tranché.


📝 Une illusion de transparence

En français courant, le mot « entité » est souvent utilisé pour désigner toute organisation, qu’elle soit dotée ou non de personnalité juridique : une division administrative, une filiale d’entreprise, une association informelle. Mais en droit français, « entité » n’est pas une catégorie juridique codifiée.

👉 Ainsi, traduire systématiquement legal entity par « entité » produit une illusion de précision : on croit restituer fidèlement le sens, alors qu’on risque de semer la confusion sur un point essentiel — l’existence ou non de la personnalité juridique.


📑 Les clauses contractuelles : terrain miné

C’est dans les contrats que le piège se manifeste le plus clairement. En pratique, legal entity apparaît souvent dans des clauses définitoires ou des listes d’inclusion/exclusion, du type :

“Any corporation, partnership, trust, joint venture or other legal entity organized under the laws of…”

Un traducteur qui se contente d’écrire « toute société » trahit le texte : la clause ne vise pas seulement les sociétés commerciales, mais un ensemble beaucoup plus large (sociétés de personnes, fondations, trusts, joint ventures).

🔍 Traduire par « entité » n’est pas mieux : en français, « entité » ne garantit pas la personnalité juridique, alors que la clause anglaise l’implique.

💡 La formulation la plus sûre sera alors :
« toute personne morale ou autre organisation dotée de la personnalité juridique en vertu des lois de… ».


⚖️ Les risques d’une traduction approximative

Une traduction trop rapide de legal entity peut avoir des conséquences juridiques directes :

  • Restriction abusive : traduire par « société » exclut des structures visées par le texte (ex. une association exploitant une franchise).

  • Extension indue : traduire par « entité » peut englober des organisations dépourvues de personnalité juridique, créant un risque d’interprétation litigieuse.

  • Insécurité contractuelle : si la traduction ne reflète pas fidèlement l’intention des parties, la clause peut devenir ambiguë, ouvrant la voie à des contestations judiciaires.


📋 Exemple concret

Dans un contrat de joint venture anglo-saxon, on lit souvent :

“The Joint Venture shall be established as a separate legal entity.”

  • ❌ Mauvaise traduction : « La joint venture sera constituée comme une entité distincte. » → formulation floue, sans valeur juridique précise.

  • ✅ Traduction correcte : « La coentreprise sera constituée en tant que personne morale distincte. »

Cette nuance peut paraître minime, mais elle est décisive : dans le premier cas, on ne sait pas si la joint venture aura une existence juridique propre ; dans le second, la capacité juridique est clairement affirmée.


💡 En résumé : le piège de legal entity réside dans son faux air d’évidence. L’anglais exploite un terme volontairement large et flexible ; le français, au contraire, oblige à choisir entre des notions plus cadrées (personne morale, société). C’est cette asymétrie qui fait du terme un terrain glissant pour le traducteur juridique.

3. 📑 Les options de traduction et leurs limites

📋 Face au terme legal entity, trois traductions dominent en pratique : « entité », « personne morale » et « société ». Chacune correspond à un choix stratégique du traducteur, avec des avantages et des risques.


📝 « Entité » : la tentation du calque

« Entité » semble être la traduction naturelle de entity. C’est celle que l’on rencontre fréquemment dans des traductions rapides ou automatisées.

  • Atout : reflète la souplesse du terme anglais, et permet de couvrir un champ large sans trancher.

  • Inconvénient : en français juridique, « entité » n’a pas de définition précise. Elle peut désigner une simple subdivision d’une entreprise (ex. business entity = unité économique), sans garantie de personnalité juridique.

💡 Exemple :
“This regulation applies to any legal entity operating in the financial sector.”

  • ❌ « Ce règlement s’applique à toute entité opérant dans le secteur financier. » → trop vague.

  • ✅ « Ce règlement s’applique à toute personne morale opérant dans le secteur financier. » → précision juridique assurée.


⚖️ « Personne morale » : la rigueur civiliste

Dans le droit civil français, la distinction est nette : personnes physiques d’un côté, personnes morales de l’autre. Employer « personne morale » permet donc de traduire legal entity de manière précise et sécurisée.

  • Atout : c’est la solution la plus rigoureuse, surtout lorsqu’il s’agit d’opposer personnes physiques et collectives.

  • Inconvénient : toutes les legal entities de common law ne correspondent pas exactement à une « personne morale » au sens civiliste. Par exemple, certains partnerships américains sont traités comme des legal entities à des fins fiscales, sans être des personnes morales au sens strict.

💡 Exemple :
“No legal entity other than a natural person may submit a claim.”
→ « Nulle personne morale autre qu’une personne physique ne peut présenter une demande. »


📑 « Société » : une solution trop restrictive

Beaucoup de traducteurs, en contexte corporate, choisissent « société ». Le choix est souvent intuitif, car la majorité des legal entities rencontrées dans les contrats sont des corporations ou des companies.

  • Atout : adéquat lorsque le texte vise explicitement une société commerciale (incorporée).

  • Inconvénient : exclut les associations, fondations, organismes publics ou même certaines joint ventures qui peuvent être qualifiées de legal entities.

💡 Exemple :
“The company is a legal entity incorporated under English law.”
→ « La société est une personne morale constituée conformément au droit anglais. »
(et non « une entité légale », formulation trop vague).


🔍 Comparaison synthétique

  • Entité → reflète la souplesse de l’anglais mais trop vague en droit français.

  • Personne morale → choix rigoureux, mais ne couvre pas toujours toute l’étendue anglo-saxonne.

  • Société → correct en corporate, trop restrictif ailleurs.

💡 Le traducteur doit donc choisir en fonction du contexte juridique : clause contractuelle large, texte corporate ciblé, ou opposition physique/morale.

4. ⚖️ Approches comparées : civil law vs common law

📋 Le véritable défi de traduction de legal entity réside dans l’écart conceptuel entre les deux grandes traditions juridiques. Alors que le droit civil (France, Suisse, etc.) repose sur une catégorisation fermement codifiée, la common law adopte une logique beaucoup plus pragmatique et fonctionnelle.


📖 En droit civil : des catégories fermées et codifiées

Dans les systèmes de droit civil, la distinction est claire :

  • Personne physique : individu doté de droits et d’obligations dès sa naissance.

  • Personne morale : groupement auquel la loi confère la personnalité juridique.

Le Code civil français en offre plusieurs illustrations :

  • art. 1832 : définition du contrat de société, base des « sociétés » en tant que personnes morales.

  • art. 1842 : reconnaissance de la personnalité morale des sociétés à compter de leur immatriculation.

  • art. 1145 : rappel que « toute personne physique ou morale peut contracter », sauf incapacité prévue par la loi.

👉 Dans cette logique, une organisation ne devient sujet de droit que si la loi le prévoit explicitement. Une « entité » qui n’entre pas dans ces catégories (ex. association de fait, joint venture purement contractuelle) reste dépourvue de personnalité juridique.


⚖️ En common law : une approche fonctionnelle et souple

La common law adopte une vision plus pragmatique. La question n’est pas tant de savoir si une organisation entre dans une catégorie fermée que de déterminer si la loi reconnaît la capacité d’agir à un groupement donné.

Ainsi, sont considérés comme des legal entities :

  • les corporations et companies (proches de nos sociétés de capitaux) ;

  • les partnerships, parfois traitées comme des legal entities pour la fiscalité et la procédure, même lorsqu’elles ne sont pas reconnues comme « personnes morales » au sens civiliste ;

  • les trusts, qui n’ont pas de personnalité juridique en tant que tels, mais qui sont souvent assimilés à des entités pour des raisons pratiques (par ex. fiscalité, responsabilité fiduciaire) ;

  • les joint ventures, simples accords contractuels en droit civil, mais qui peuvent être reconnues comme des legal entities dans certains États.

👉 La notion est donc ouverte : elle s’adapte aux besoins de la pratique, sans se limiter à un inventaire figé.


🔍 Conséquences pour la traduction

Cette divergence explique pourquoi aucune traduction française ne recouvre parfaitement legal entity :

  • « personne morale » correspond bien à la logique civiliste, mais peut exclure certains cas de common law ;

  • « société » ne reflète qu’une partie du champ (corporations, companies) ;

  • « entité » tente de reproduire la souplesse de la common law, mais perd en sécurité juridique.

💡 En pratique, le traducteur doit opérer un travail de médiation conceptuelle : transposer la flexibilité anglo-saxonne dans les catégories civilistes, tout en veillant à ce que la traduction ne déforme pas le champ d’application du texte.

5. 💡 Bonnes pratiques pour traduire legal entity

📋 Traduire legal entity n’est pas un exercice de dictionnaire : c’est une décision stratégique qui engage la portée juridique d’un contrat ou d’un acte. Voici quelques repères méthodologiques pour éviter les contresens.


📝 1. Toujours analyser le contexte

La traduction dépend du type de texte et de l’usage attendu :

  • Dans un contrat commercial : legal entity apparaît souvent dans les clauses de définitions ou de limitation de responsabilité → la traduction doit couvrir toutes les structures visées.

  • Dans les statuts d’une société : le terme renvoie à une société incorporée → « personne morale » ou « société » selon le cas.

  • Dans un texte réglementaire ou fiscal : il s’agit de désigner toutes les organisations dotées de droits et obligations → « personne morale » est préférable.

💡 Exemple :
“This obligation applies to any legal entity operating in the energy sector.”
→ « Cette obligation s’applique à toute personne morale opérant dans le secteur de l’énergie. »


⚠️ 2. Éviter le réflexe “entité”

« Entité » est tentant car il reproduit le mot anglais, mais il entretient l’ambiguïté : en français, il peut désigner un simple service interne, un établissement, voire un département administratif.

👉 À bannir sauf si le texte assume volontairement le flou (ex. document interne d’entreprise).


📖 3. Privilégier “personne morale” dans la plupart des cas

C’est la traduction la plus sûre lorsqu’il s’agit de distinguer personnes physiques et collectives. Elle correspond à la logique civiliste et garantit la capacité juridique.

💡 Exemple :
“No legal entity other than a natural person shall benefit from this exemption.”
→ « Nulle personne morale autre qu’une personne physique ne peut bénéficier de cette exonération. »


🎯 4. Employer “société” uniquement en corporate

Le terme « société » convient si et seulement si le contexte vise une société commerciale (corporation, company).

💡 Exemple :
“The company is a legal entity incorporated under Delaware law.”
→ « La société est une personne morale constituée conformément au droit du Delaware. »

⚠️ Utiliser « société » dans une clause trop générale exclurait abusivement les associations, fondations ou autres formes juridiques.


🔍 5. Respecter les listes contractuelles

Dans les contrats anglo-saxons, legal entity est souvent placé à la fin de listes du type :

“Any corporation, partnership, trust, joint venture or other legal entity…”

Dans ce cas, la traduction doit restituer l’ensemble du champ :
→ « toute société de capitaux, société de personnes, trust, coentreprise ou autre personne morale ».

💡 Cette formulation évite le double écueil de la restriction (« société » seule) et de l’imprécision (« entité »).


📝 6. Prévoir des notes traductives ou glossaires

Dans les contrats complexes (pactes d’actionnaires, joint ventures, opérations de M&A), une note traductive peut lever l’ambiguïté.

Exemple de note :

Partnership est traduit par “société de personnes”, sans préjuger de son éventuelle personnalité morale selon le droit applicable.

👉 Cette pratique apporte de la sécurité et montre la maîtrise des différences de systèmes.


💡 En résumé :

  • Contexte = premier critère.

  • « Personne morale » = choix par défaut.

  • « Société » = réservé aux cas corporate précis.

  • « Entité » = à éviter sauf usage volontairement flou.

  • Notes/glossaires = outils utiles dans les contrats complexes.

6. 📋 Exemples pratiques

📖 Les cas concrets permettent de mesurer l’importance du choix terminologique. Chaque contexte impose un réglage différent : un contrat commercial, un règlement fiscal ou des statuts sociaux ne mobilisent pas la même traduction de legal entity.


⚖️ Exemple 1 – Contrat de franchise (États-Unis)

Clause originale : “The franchise may be operated by any legal entity duly registered under state law.”

  • ❌ Mauvaise traduction : « La franchise peut être exploitée par toute société régulièrement immatriculée… » → restrictif : exclut associations ou certaines formes de partnerships.

  • ✅ Bonne traduction : « La franchise peut être exploitée par toute personne morale régulièrement immatriculée conformément au droit de l’État. »

💡 Ici, « personne morale » couvre le champ voulu, au-delà de la seule société commerciale.


📝 Exemple 2 – Clause de responsabilité (Royaume-Uni)

Clause originale : “No legal entity shall be liable for damages beyond…”

  • ❌ Traduction approximative : « Aucune entité ne saurait être responsable… » → flou juridique.

  • ❌ Traduction trop restrictive : « Aucune société… » → exclut des formes pourtant visées.

  • ✅ Traduction correcte : « Aucune personne morale ne saurait être tenue responsable de dommages au-delà de… »

💡 Le terme « personne morale » évite l’ambiguïté et restitue le champ exact.


📑 Exemple 3 – Statuts d’une filiale anglaise

Clause originale : “The company is a legal entity incorporated under English law.”

  • ❌ Mauvaise traduction : « La compagnie est une entité légale… » → calque maladroit, formulation non juridique en français.

  • ✅ Bonne traduction : « La société est une personne morale constituée conformément au droit anglais. »

💡 Le mot « société » est pertinent car il s’agit bien d’une company au sens corporate.


🔍 Exemple 4 – Partnership et fiscalité (États-Unis)

Clause originale : “For tax purposes, the partnership shall be treated as a legal entity.”

  • ⚠️ Problème : en droit civil, une société de personnes n’est pas toujours une personne morale.

  • ✅ Traduction prudente : « Aux fins fiscales, la société de personnes est considérée comme une personne morale. »

  • ➕ Possibilité d’ajouter une note traductive : Dans le système américain, certaines partnerships sont traitées comme des entités fiscales indépendantes, sans correspondre strictement à une “personne morale” en droit civil.

💡 Exemple typique où la médiation juridique du traducteur est indispensable.


🌍 Exemple 5 – Réglementation anti-blanchiment (AML/KYC, UE)

Texte anglais : “Any legal entity must disclose its beneficial owners to the national register.”

  • ❌ Traduction vague : « Toute entité doit déclarer ses bénéficiaires effectifs… » → ambigu (risque d’inclure des structures sans personnalité juridique).

  • ✅ Traduction précise : « Toute personne morale doit déclarer ses bénéficiaires effectifs au registre national. »

💡 Ici, l’usage réglementaire impose une traduction claire et juridiquement opérante.


⚖️ Ces exemples montrent qu’il n’existe pas de solution unique : la traduction dépend du contexte, de la fonction du texte et de la catégorie juridique visée. Le traducteur doit donc arbitrer à chaque occurrence, en choisissant l’équivalent le plus fonctionnel plutôt qu’un calque lexical.

7. ❓ FAQ – Traduction de legal entity

1. Legal entity signifie-t-il toujours « société » ?

⚖️ Non. En common law, legal entity inclut non seulement les sociétés commerciales (corporations, companies), mais aussi des partnerships, des associations, des fondations, et parfois même des trusts dans certains contextes. Traduire systématiquement par « société » est donc trop restrictif.


2. Quelle est la différence entre legal entity et legal person ?

📖 Legal person désigne le concept doctrinal de « personne juridique » : une fiction permettant d’attribuer droits et obligations à une organisation. Legal entity, plus pragmatique, est le terme employé dans les contrats et textes réglementaires pour désigner concrètement ces organisations.


3. Peut-on traduire legal entity par « personne morale » sans risque ?

🔍 C’est souvent la traduction la plus rigoureuse, surtout lorsqu’il s’agit d’opposer personnes physiques et collectives. Mais attention : certaines structures de common law (par ex. partnerships américaines) sont reconnues comme legal entities sans correspondre exactement à la « personne morale » civiliste. Dans ces cas, une note traductive peut être nécessaire.


4. Comment traduire legal entity dans une clause contractuelle listant corporations, partnerships et trusts ?

📝 Dans ce cas, il faut respecter la diversité de la liste. Une traduction adaptée sera :
👉 « toute société de capitaux, société de personnes, trust ou autre personne morale ».
Cela évite à la fois la restriction abusive (« société » seule) et le flou (« entité »).


5. Quelles erreurs fréquentes commettent les traducteurs avec legal entity ?

⚠️ Les erreurs les plus courantes sont :

  • traduire systématiquement par « société » (restrictif),

  • employer « entité » sans précision (trop vague),

  • oublier que le champ du terme varie selon les systèmes juridiques,

  • ne pas adapter la traduction aux listes contractuelles ou aux contextes réglementaires.

🎯 Conclusion

📋 Le terme legal entity illustre parfaitement la difficulté des faux amis en traduction juridique. Derrière une apparente évidence linguistique, il recouvre en réalité des concepts mouvants, ancrés dans des traditions juridiques différentes.

⚖️ En common law, legal entity s’inscrit dans la fiction de la legal person, forgée par la jurisprudence et la doctrine. Cette notion est souple : elle inclut corporations, partnerships, associations, fondations et parfois trusts. En droit civil, au contraire, la distinction entre personnes physiques et personnes morales est codifiée et fermée. La traduction impose donc un effort de médiation conceptuelle.

💡 En pratique, trois options existent :

  • « entité » : trop vague, à éviter sauf si le texte assume volontairement le flou ;

  • « personne morale » : le choix le plus sûr et le plus rigoureux dans la majorité des cas ;

  • « société » : adapté uniquement en corporate, lorsqu’il s’agit clairement d’une company ou d’une corporation.

🎯 Le traducteur doit toujours contextualiser : est-ce un contrat ? un texte fiscal ? des statuts ? une clause réglementaire ? La bonne traduction n’est pas une formule figée, mais un choix fonctionnel, guidé par le contexte et par les différences systémiques entre common law et civil law.

En définitive, traduire legal entity ne consiste pas à chercher un équivalent lexical unique, mais à assurer que l’acte ou le contrat conserve toute sa sécurité juridique dans la langue cible. C’est là l’essence même de la traduction juridique : un travail de précision, mais aussi de médiation entre deux cultures juridiques.

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